
Un astre venu d’ailleurs file au-dessus de nos têtes. À 60 km/s (soit 216 000 km/h), la comète 3I/ATLAS traverse notre système solaire sans s’y arrêter. Profitant d’un alignement favorable, les astronomes ont quelques mois pour percer le mystère de ce troisième messager interstellaire jamais observé.
3I/ATLAS : la comète interstellaire qui affole les télescopes
Une comète venue d’un autre monde, ce n’est pas banal. Et quand elle traverse notre voisinage cosmique à plus de 200 000 km/h, les instruments se braquent, les orbites se recalculent et les agences spatiales s’activent. Depuis le 1er juillet 2025, une nouvelle venue secoue les éphémérides : 3I/ATLAS, troisième objet interstellaire jamais repéré dans notre système solaire. Une trajectoire hyperbolique, une vitesse vertigineuse, et une occasion rare d’étudier, en direct, un fragment d’un autre coin de la galaxie.
Une trajectoire qui trahit ses origines
Repérée par le réseau ATLAS basé au Chili, la comète a immédiatement intrigué les astronomes par sa trajectoire : une orbite hyperbolique, c’est-à-dire ouverte, incompatible avec un objet lié gravitationnellement au Soleil. En clair, 3I/ATLAS ne vient pas d’ici. Sa vitesse relative dépasse les 60 km/s (soit 216 000 km/h), et les calculs de trajectoire indiquent une origine galactique lointaine. Lors de sa détection, elle se trouvait à 4,5 unités astronomiques, soit environ 670 millions de kilomètres de la Terre. Son approche ne s’arrête pas là : son passage au plus près du Soleil est prévu autour du 30 octobre 2025, à une distance estimée entre 1,35 et 1,4 UA — environ 200 à 210 millions de kilomètres. Une plongée relativement modérée vers l’intérieur du système solaire, bien à l’intérieur de l’orbite martienne, avant un départ définitif vers l’espace interstellaire.
Une taille imposante, une activité discrète
Contrairement à ’Oumuamua, dont la forme allongée avait alimenté toutes les spéculations, ou à 2I/Borisov, beaucoup plus classique dans son comportement cométaire, 3I/ATLAS se distingue par ses dimensions. Les premières estimations suggèrent un noyau d’environ 10 kilomètres de diamètre, voire davantage selon l’évolution des données. Visuellement, l’objet présente une coma peu développée et une queue relativement courte, mais suffisamment marquée pour confirmer son activité cométaire. La présence de glaces volatiles en surface, sublimées par l’approche solaire, laisse supposer une composition analogue aux comètes natives de notre propre système.
Derrière le live de l’Agence Spatiale Européenne se cache une mission spatiale stratégique
Une opportunité scientifique fugace
Pour les astronomes, 3I/ATLAS représente une chance rare. L’objet sera observable avec les télescopes terrestres jusqu’à septembre 2025, avant de disparaître temporairement derrière le Soleil. Une seconde fenêtre d’observation devrait s’ouvrir en décembre, à condition que l’activité cométaire permette encore une détection claire. Plusieurs observatoires, dont Hubble et le télescope spatial James Webb, ont d’ores et déjà planifié des observations spectroscopiques. L’objectif : caractériser précisément la composition chimique de la coma, détecter d’éventuels composés organiques complexes et comparer ces résultats aux comètes locales. Un moyen, peut-être, d’en apprendre davantage sur la formation des systèmes planétaires ailleurs dans la galaxie.
L’horizon des missions interstellaires
La détection de 3I/ATLAS, seulement quelques années après celle de Borisov, confirme que les objets interstellaires ne sont pas aussi rares qu’on le pensait. Ce sont les instruments qui, jusqu’à présent, manquaient de sensibilité et de couverture. Avec l’entrée en service du télescope Vera Rubin, prévu pour 2026, ces visites impromptues pourraient devenir beaucoup plus fréquentes. L’ESA (Agence Spatiale Européenne) n’est pas restée passive : elle prépare une mission baptisée Comet Interceptor, conçue pour intercepter une comète fraîchement découverte, potentiellement interstellaire. Le principe : placer la sonde en orbite d’attente, puis déclencher une interception dès qu’un candidat adéquat est repéré. L’arrivée de 3I/ATLAS est un rappel cinglant de la pertinence de ce pari technologique.
Une énigme de plus dans le grand puzzle cosmique
3I/ATLAS ne fait que passer. Elle n’entrera jamais en orbite solaire, ne croisera pas les planètes géantes, et encore moins la Terre. Mais son survol offre une fenêtre unique sur des matériaux formés bien au-delà des confins de notre système. Chaque mesure, chaque spectre, chaque pixel récolté alimente une hypothèse plus vaste : comment se forment les mondes ? Sont-ils tous faits du même mélange de glace et de roche ? Ou cette comète va-t-elle nous confronter à des chimies inconnues, reflet d’étoiles mortes depuis longtemps ?
En résumé :
- Une trajectoire hyperbolique repérée le 1er juillet 2025 indique sans ambiguïté une origine interstellaire pour la comète 3I/ATLAS, troisième du genre jamais observée.
- L’objet file à 60 km/s (soit 216 000 km/h) et a été détecté à 670 millions de kilomètres de la Terre, avec un passage proche du Soleil prévu autour du 30 octobre 2025, à environ 1,4 UA.
- Les premières observations estiment un noyau d’environ 10 kilomètres de diamètre, entouré d’une coma active et d’une courte queue, caractéristiques d’une activité cométaire classique.
- 3I/ATLAS sera observable jusqu’en septembre 2025, puis à nouveau en décembre, avec des campagnes prévues par Hubble et James Webb.
- Sa composition pourrait permettre de comparer les matériaux cométaires de notre système à ceux d’autres environnements stellaires.
- L’arrivée régulière d’objets interstellaires rend plus crédible et urgente la mission Comet Interceptor de l’ESA, conçue pour intercepter un tel voyageur.
- 3I/ATLAS pose une question ouverte : et si notre système solaire n’était qu’un carrefour passager pour les vestiges d’autres mondes lointains ?