
Les satellites plongent à la rescousse de la Terre bleue.
À l’occasion de la conférence des Nations unies sur les océans (UNOC3), la France, les États-Unis et le Kenya ont lancé depuis Nice une initiative inédite : la Space for Oceans Alliance. Profitant de l’expertise spatiale mondiale, cette coalition entend mobiliser l’orbite pour mieux comprendre, surveiller et protéger les mers qui nous entourent.
Des satellites pour suivre le ressac climatique
Les océans couvrent plus de 70 % de la surface terrestre, mais ils restent largement méconnus. Les étudier de manière continue, globale et précise nécessite des moyens que seul l’espace peut offrir. Depuis des décennies, les satellites jouent ce rôle d’observateurs vigilants. Dès les années 1990, la mission franco-américaine Topex‑Poseidon, puis la série des Jason, ont permis de mesurer les hauteurs océaniques et la montée du niveau de la mer avec une précision jusque-là jamais atteinte. Le satellite franco-chinois CFOSAT, lancé en 2018, s’est concentré sur les vents et les vagues. SMOS (ESA-CNES) s’est intéressé à la salinité de surface. Les missions Sentinel de Copernicus ont apporté une vision complémentaire à haute fréquence. Toutes ces données, sans équivalent au sol, ont nourri les modèles climatiques et permis de suivre l’impact du réchauffement sur les masses d’eau.
La Space for Oceans Alliance : une coalition spatiale pour l’océan
C’est dans ce contexte que la Space for Oceans Alliance a été officiellement lancée le 9 juin 2025. Portée conjointement par le CNES, la NASA et l’agence spatiale kényane (KENYA SPACE Agency), elle regroupe déjà vingt-deux agences spatiales et organisations internationales. Son objectif : unir les capacités d’observation existantes, mutualiser les ressources, et renforcer l’usage des données satellitaires pour la préservation des océans. Plus qu’une déclaration d’intention, l’alliance repose sur une charte engageante signée à Nice lors de la première journée de l’UNOC3, où la France jouait le rôle d’hôte et de facilitateur technique.
L’observation orbitale au service des politiques maritimes
L’un des axes centraux de l’alliance est de traduire les mesures orbitales en outils concrets pour les décideurs. Grâce à une palette de paramètres géophysiques issus de l’observation spatiale, les gouvernements pourront affiner leurs politiques maritimes, anticiper les risques côtiers, ou gérer plus efficacement leurs ressources halieutiques. Cette mise en valeur des données s’accompagne du développement de services numériques, conçus pour être accessibles y compris aux États ne disposant pas de leurs propres satellites. À terme, la Space for Oceans Alliance veut devenir un relai d’expertise capable de faire dialoguer sciences de l’espace et politique océanique.
Une gouvernance collective et évolutive
La gouvernance de l’alliance repose sur un fonctionnement volontaire et collaboratif. Chaque membre reste maître de ses moyens techniques mais s’engage à partager ses données, expériences et bonnes pratiques. L’ouverture à d’autres pays et institutions est prévue dès 2026, avec l’objectif de couvrir tous les bassins océaniques majeurs. Une plateforme numérique dédiée sera mise en ligne fin 2025 pour centraliser les données, les projets communs et les avancées scientifiques. Le CNES assurera la coordination pendant les deux premières années, avant de passer le relais selon un modèle tournant.
En résumé :
- Le lancement de la Space for Oceans Alliance a eu lieu le 9 juin 2025 à Nice, en ouverture de la conférence UNOC3.
- L’objectif est de fédérer les capacités satellitaires existantes pour renforcer la surveillance et la compréhension des océans.
- Cette initiative est portée par le CNES, la NASA et l’agence spatiale kényane, avec la participation de vingt-deux agences.
- Les données issues des satellites comme Topex-Poseidon, Jason, CFOSAT, SMOS ou Sentinel sont au cœur de l’approche.
- L’alliance veut offrir des outils opérationnels aux États côtiers, même sans capacité spatiale propre.
- Elle repose sur un partage volontaire des données et un pilotage collectif, sous coordination initiale du CNES.
- Une plateforme numérique sera lancée fin 2025 pour centraliser les services et faciliter les coopérations.
- L’ouverture à d’autres acteurs est prévue dès 2026, avec une ambition globale de couverture océanique.