
Françoise Giroud est une femme qui a écrit son destin. Elle fut secrétaire puis scripte et enfin la directrice de presse. Retour sur la vie d’une femme exceptionnelle, dotée d’une remarquable intelligence.
Une jeunesse européenne
Léa France Gourdji est née le 21 septembre 1916 à Lausanne en Suisse, et ne s’appelle pas encore Françoise Giroud. Lorsqu’elle naît, son père dirige l’Agence télégraphique ottomane à Constantinople, ne cache pas sa déception, il voulait un garçon. La famille va alors emménager à Paris, mais en 1927 son père décède et la famille va connaître de grandes difficultés financières. Françoise arrête l’école à l’âge de 14 ans pour travailler et ainsi participer aux charges du foyer, dans lequel sa mère et sa grand-mère vivent. Elle décide alors de suivre une formation de secrétaire dactylo dispensée par la marque Remington et sortira de l’école trois mois plus tard, diplôme en poche. Les choses, ensuite, vont s’enchaîner : elle va être embauchée comme script sur les films de Marc Allégret ou encore Jean Renoir. Mais les temps troubles vont arriver, et mettre sa vie entre parenthèses.

Une vie entre parenthèses
Françoise Giroud va s’engager dans la Résistance en tant qu’agent de liaison durant la Seconde Guerre Mondiale. En 1944, la Gestapo l’arrête et elle va être incarcérée à la prison de Fresne. En 1942, Françoise décide de se faire baptiser ce qui la place, un temps, sous le radar. Après la guerre, le destin s’inscrit et elle rejoint le magazine Elle, alors dirigé par Hélène Lazareff. D’abord journaliste, elle en deviendra rédactrice en chef jusqu’en 1953, année où elle rejoint un autre célèbre magazine qu’elle contribue à créer : L’Express.
Une brillante carrière
C’est donc en 1953 que Françoise cofonde avec Jean-Jacques Servan Schreiber, le magazine L’Express qui introduit en France un concept innovant venant des Etats-Unis, le magazine d’actualités. Durant les événements en Algérie, alors directrice de la rédaction, elle apporte son soutien à Pierre Mendès France et milite contre la guerre. Elle en fera de même contre la guerre d’Indochine. En 1974, elle est nommée secrétaire d’Etat à la Condition féminine, puis secrétaire d’Etat à la Culture en 1976, sous la présidence du président Valéry Giscard d’Estaing, alors même qu’elle avait invité à voter pour son rival, François Mitterrand. Elle quittera le journal L’Express en 1974, après avoir été la directrice de la rédaction et de la publication. Elle va rester dans la vie politique du pays jusqu’en 1979.

Un modèle de modernité
Outre ses talents de journaliste, Françoise Giroud est l’auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels des biographies de Marie Curie ou encore d’Alma Mahler, des essais politiques, des romans et une autobiographie « Histoire d’une femme libre » dans laquelle on la découvre fragile, déterminée, cultivée, paradoxale : une femme avec ses failles et ses forces. Durant toute sa vie, Françoise Giroud a repoussé les limites que le monde lui fixait, avec douceur et détermination. Elle est devenue une figure du monde culture, elle qui n’avait pas le baccalauréat et qui avouait en souffrir, a été élevée au rang de Commandeur de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite, pour son engagement intellectuel et féministe.
Françoise Giroud est un modèle pour tous pour ses combats d’abord, mais aussi pour son parcours d’entrepreneur, contribuant à faire fi de limites qui n’étaient pas les siennes.
En résumé :
- Une enfance marquée par l’exil et la précarité : Née Léa France Gourdji à Lausanne, Françoise Giroud grandit à Paris dans une famille d’origine ottomane confrontée à des difficultés financières après le décès de son père. Cette situation forge son indépendance et la pousse à se former très tôt comme secrétaire dactylo, un début de parcours atypique pour celle qui deviendra une grande figure de la presse française.
- Une résistante pendant la Seconde Guerre mondiale : Engagée comme agent de liaison dans la Résistance, arrêtée par la Gestapo en 1944, elle survit à l’Occupation en se faisant baptiser. Ce passé de femme résistante a profondément nourri son engagement futur et son combat pour la liberté d’expression, notamment dans ses écrits et ses prises de position journalistiques.
- Une pionnière du journalisme moderne : Cofondatrice de L’Express en 1953, après un passage remarqué à Elle, Françoise Giroud et Jean-Jacques Servan-Shreiber introduisent en France le concept de news magazine. Son rôle de directrice de presse a été décisif dans l’évolution de la presse d’opinion et de l’information politique engagée.
- Un engagement politique féministe affirmé : En 1974, elle devient la première secrétaire d’État à la Condition féminine sous Giscard d’Estaing, défendant la cause des femmes au sein du gouvernement. Elle incarne une femme politique engagée, progressiste et libre.
- Une intellectuelle libre et prolifique : Autrice de plus de trente ouvrages – biographies, essais politiques et romans –, Françoise Giroud s’est imposée comme une femme de lettres influente. Élevée au rang de Commandeur de la Légion d’honneur, elle demeure un symbole d’intelligence féminine, de modernité et d’entrepreneuriat culturel au féminin.