L’impératrice Eugénie : une espagnole à la Cour de France

L'Impératrice Eugénie une espagnole à la Cour de France

La vie de l’impératrice Eugénie fut une succession d’événements, heureux ou tragiques, accompagnant la grande Histoire de la France et de l’Europe. Voici un petit aperçu d’une existence extraordinaire.

Une naissance espagnole

Eugénie est née en Espagne, à Grenade le 5 mai 1826. Elle est la fille du comte de Teba, qui s’est rallié à la France sous le Premier empire, qui participa à la bataille de Paris en 1814 et fut fait Grand d’Espagne en 1834. C’est donc dans une famille pro napoléonienne que la jeune fille évolue. La mère d’Eugénie est issue de l’aristocratie écossaise et belge et est la nièce du comte Mathieu de Lesseps. Eugénie et sa sœur aînée, Maria Francisca, sont élevées dans le culte du Premier empereur des Français. Et c’est en France en 1854, que la comtesse de Montijo, la mère d’Eugénie, se réfugie, à Biarritz dans le sud-ouest de la France, pour fuir le climat belliqueux de l’époque. Eugénie va recevoir l’éducation traditionnelle dispensée aux jeunes filles de bonne famille. Les sœurs Montijo vont ainsi recevoir des enseignements dispensés par les plus grands auteurs : Stendhal va leur enseigner l’histoire, Prosper Mérimée le français. Alors que sa sœur aînée, Francisca dit Paca, épouse le duc d’Albe à Madrid, Eugénie jouit quant à elle d’une vie agréable dans les hautes sphères aristocratiques.

Une rencontre pour l’histoire

C’est en 1849, que la jeune Eugénie fait la connaissance de Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de feu Napoléon Ier, lors d’une réception donnée par la princesse Mathilde Bonaparte. Lorsqu’elle le rencontre, Louis-Napoléon Bonaparte est président de la République (la deuxième) et vient d’être élu pour quatre ans au suffrage universel. Le célibataire de plus de quarante ans, tombe sous le charme irrésistible de la demoiselle, alors âgée de 23 ans, qu’il compte bien poinçonner à son tableau de chasse. Mais Eugénie repousse le président. Celui-ci va tenter à plusieurs reprises d’en faire sa maîtresse, mais celle-ci n’est pas ce genre de courtisane ; elle voudra bien plus. C’est après le coup d’Etat de l’empereur qu’Eugénie, de retour de voyage, va croiser à nouveau Louis-Napoléon. Celui-ci va l’inviter en compagnie de la mère d’Eugénie à Fontainebleau et  déclarer son amour à la jeune femme. Mais prudente, l’Empereur jouit d’une réputation de séducteur, collectionnant les conquêtes, elle lui fait part de ses conditions ; ce sera le mariage ou rien !

Un mariage impérial

Le mariage civil a lieu au Palais des Tuileries, le 29 janvier 1853. La cérémonie religieuse est célébrée le lendemain en la cathédrale de Notre-Dame de Paris. La future impératrice porte pour l’occasion une longue robe de velours blanc, sur laquelle des volants de dentelle ont été cousus sur la jupe, afin de l’assortir au point de dentelle de son voile retombant sur ses épaules et en cascade sur le plissé de sa toilette. Elle porte son choix sur un diadème de saphirs s’accordant à la perfection au bleu de ses yeux. Pierre-François-Pascal Guerlain,  grand parfumeur à Paris depuis 1828, décide d’offrir pour l’occasion à la jeune mariée, un flacon de son « Eau de Cologne impériale », créée spécialement pour elle, se présentant dans un flacon raffiné, orné de 69 abeilles, l’un des emblèmes de l’Empire, dorées à la main, que l’on peut encore se procurer aujourd’hui car figurant toujours dans le catalogue de la maison Guerlain. Le couple convole ensuite en justes noces à Marne la Coquette, au cœur du domaine national de Saint-Cloud. Quelques semaines plus tard, l’annonce d’une grossesse impériale est diffusée, mais l’impératrice perdra l’enfant en chutant de cheval. En 1856, Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte, naît à Paris et sera l’unique enfant du couple impérial.

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L’impératrice et l’Empire

L’impératrice Eugénie possède une personnalité hors du commun. Ainsi, lors des escapades à Compiègne, elle reçoit la Cour, et interroge toujours ses hôtes sur leur santé et dispense un discours personnalisé à chacun, s’inquiète d’une situation personnelle de l’un ou de l’autre. Le soir, alors que les dîners ne s’éternisent pas, elle joue à une multitude jeux entre amis. Mais elle n’est pas seulement cela : elle serait personnellement intervenue en faveur de Julie-Victoire Daubié, première femme à obtenir le baccalauréat, pour que son diplôme puisse être signé, ou encore elle aurait œuvré pour que l’on remette la Légion-d’honneur au peintre naturaliste, Rosa Bonheur. Mais bientôt des préoccupations politiques majeures vont poindre et le sort de l’Empire scellé. Lors de la guerre contre la Prusse, Napoléon III essuie de sévères défaites, et le 2 septembre 1870, il dépose les armes au terme de la bataille de Sedan et tente de négocier avec Bismarck les conditions de la capitulation. Il est alors fait prisonnier et détenu au château de Wilhelmshöhe. L’impératrice, restée à Paris, quitte le Palais de Saint-Cloud pour les Tuileries, pour prendre la tête de l’Empire et assurer ainsi la régence, en l’absence de son impérial mari. Mais la colère gronde, et la légitimité d’Eugénie n’est pas reconnue. Le 4 septembre, le peuple réclame le départ de sa souveraine, et comme Marie-Antoinette avant elle, c’est aux Tuileries qu’elle se trouve et qu’elle doit quitter en toute hâte. Elle va trouver refuge chez son dentiste qui lui fera quitter le pays et finira par trouver refuge en Angleterre. Pendant ce temps, la Troisième République est proclamée, et le gouvernement de la Défense nationale est mis en place. L’empereur mourra trois ans plus tard et Eugénie n’aura alors de cesse, de protéger son fils et ses intérêts, qu’elle accompagne à travers toute l’Europe afin qu’il puisse revendiquer officiellement son statut. Mais le jeune homme ne l’entend pas de cette oreille : pour lui, seuls les succès militaires lui apporteront une légitimité. Joignant le geste à l’idée, il s’engage dans les troupes anglaises et part pour l’Afrique du Sud où il trouve la mort en 1879. Eugénie est brisée par le chagrin. Elle s’éteindra plusieurs décennies plus tard, en 1920 à l’âge de 94 ans, à Madrid. Elle repose avec son époux et leur fils dans la nécropole impériale de l’abbaye de Saint-Michel de Farnborough en Angleterre.

En résumé :

  1. L’enfance d’Eugénie de Montijo :  née à Grenade en 1826, elle grandit dans une famille pro-napoléonienne. Son éducation raffinée est influencée par des figures littéraires comme Stendhal et Mérimée, façonne son esprit et sa vision du monde.
  2. La rencontre historique avec Louis-Napoléon Bonaparte : En 1849, Eugénie rencontre Louis-Napoléon Bonaparte, alors président de la République. Leur relation évolue lentement, car Eugénie refuse d’être une simple maîtresse. Après le coup d’État de 1851, elle accepte la proposition du président, marquant ainsi le début d’un mariage impérial qui bouleversera sa vie et celle de la France.
  3. Le mariage impérial et la naissance d’un héritier : Le mariage civil entre Eugénie et Napoléon III a lieu en janvier 1853. L’impératrice, vêtue d’une robe de velours blanc, incarne la grâce impériale. Elle donne naissance à un héritier, Napoléon Eugène Louis Bonaparte, en 1856, perpétuant l’espoir d’une dynastie impériale.
  4. Régence et chute de l’Empire : Lorsque Napoléon III est capturé lors de la guerre franco-prussienne de 1870, Eugénie prend les rênes de l’Empire en tant que régente. Cependant, la révolte populaire et la proclamation de la Troisième République mettent fin à l’Empire. Contrairement à Marie-Antoinette, Eugénie fuit la France, se réfugiant en Angleterre où elle vit le déclin du régime impérial.
  5.  La fin d’une époque et l’héritage d’Eugénie : Après la mort de son fils en 1879, Eugénie se retire dans la tristesse, mais continue de préserver l’héritage de la famille impériale. Elle meurt en 1920 à Madrid, à l’âge de 94 ans. Aujourd’hui, elle repose aux côtés de son mari et de son fils dans la nécropole impériale en Angleterre, marquant la fin d’une dynastie.

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