Pot-Bouille ou les débuts de ce cher Monsieur Mouret

Pot-Bouille ou les débuts de ce cher Monsieur Mouret

La lecture de la plume de Zola est toujours pour moi, un ravissement, tant il dépeint avec une exactitude presque chirurgicale, les qualités et les défauts la société du XIXe siècle en exposant ses acteurs sous la lumière crue d’un projecteur sans pitié.

La lecture de Pot-Bouille* dans mes jeunes années estudiantines m’avait emportée, subjuguée et ce n’est que très récemment que je me suis replongée avec délectation, dans les aventures du jeune Octave Mouret. Pot-Bouille est le dixième volume de la saga des Rougon-Macquart qui offre une étude historico-sociologique d’une lignée vivant sous le Second Empire.

Une société en pleine mutation

L’histoire commence dans la France du Second Empire (1852-1870) après le coup d’état du Prince-Président Louis Napoléon Bonaparte (Napoléon III) le 2 décembre 1851. La constitution est préparée par des fidèles de l’Empereur comme le duc de Persigny (chassé de l’armée pour ses idées républicaines, venu au bonapartisme par la suite, et fidèle de Louis Napoléon Bonaparte depuis 1834, il sera nommé plusieurs fois ministre) et le comte de Frahaut (père du duc de Morny, qui n’est autre que le frère utérin de l’Empereur) et rédigée par Rouher qui sera lui aussi plusieurs fois ministre. La conjoncture économique des premières années du Second Empire va contribuer à la stabilité politique du pays, et l’économie française va franchir une étape décisive en entrant dans l’ère du capitalisme moderne.

Une radiographie de la Société du Second Empire

C’est dans ce contexte de mutation que nous allons suivre les aventures du jeune Octave, va aspirer notre souffle en même temps qu’il se déployer dans le Paris du Baron Haussmann. D’une beauté insolente et d’une détermination désillusionnée à réussir, il va passer du jeune provincial parti de Plassans, à un jeune homme accompli trouvant sa place au sein de cette société tout en clair-obscur, dans laquelle les murmures sont audibles, les gênes perceptibles, les sentiments utilement employés. Octave va réussir à gravir tous les sommets, faisant preuve d’une capacité d’adaptation indéniable, n’hésitant pas à se détourner temporairement d’un objectif pour mieux le servir en lui permettant d’atteindre son but. Les ambitions sont féroces, les vanités obséquieuses et les opportunités multiples.

Pot-Bouille ou les débuts de ce cher Monsieur Mouret 4e de couverture
Pot-Bouille ou les débuts de ce cher Monsieur Mouret 4e de couverture

Un voyage dans le temps grâce à la magie de l’auteur

Emile Zola (1840-1902) va mettre en lumière, grâce à son immense talent de captation de la nature humaine, les parts d’ombres de chacun, soulignant l’hypocrisie des personnages dissimulée sous des épaisseurs moelleuses d’honorabilité, de convenances, d’honneur ou de respectabilité. Il suffit de préserver les apparences et tout finit par s’arranger ou à tout le moins, à ne pas se déranger excessivement. Cette histoire est un bonbon aigre-doux qui offre au lecteur un voyage immobile depuis le XXIe siècle vers la société du XIXe. On regarde par le trou de la serrure, et l’on assiste à l’éclosion de l’économie centralisée ainsi qu’à l’émergence de son fer de lance urbain : la naissance des grands magasins.

A lire, et à relire sans aucune modération comme en témoigne la couverture de mon exemplaire.

Les Dames de Marlow enquêtent, 1er tome, « Mort compte triple » ou la truculence d’une grille de mots croisés

 

En résumé

  1. Une fresque sociale sous le Second Empire : Pot-Bouille explore avec précision les transformations économiques, sociales et urbaines de la France sous Napoléon III, révélant les tensions et hypocrisies d’une société en mutation.
  2. Le génie littéraire d’Émile Zola : Grâce à une plume acérée, Zola plonge le lecteur dans une critique de la bourgeoisie et de ses faux-semblants, tout en offrant un portrait captivant de ses personnages.
  3. Un personnage central, Octave Mouret : Ambitieux et opportuniste, Octave incarne l’ascension sociale dans un Paris haussmannien en pleine effervescence, où les vanités et les intérêts s’entrelacent.
  4. L’émergence du capitalisme moderne : À travers l’économie centralisée et la naissance des grands magasins, Zola décrit la modernisation économique et urbaine, tout en soulignant ses impacts sociaux.
  5. Un voyage littéraire intemporel : Pot-Bouille transcende les époques en proposant une radiographie des comportements humains, captivant le lecteur du XXIe siècle grâce à une richesse narrative et une profondeur sociologique remarquables.

*Pot-Bouille signifierait selon un proche de l’auteur, Paul Alexis, pot-au-feu bourgeois, le train-train du foyer, dont l’équivalent moderne pourrait être le mot populaire « tambouille ». 

Pot-Bouille, Emile Zola, publié aux éditions Le Livre de Poche

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