
Pour la première fois, Webb capture une planète inconnue hors du Système solaire. Grâce à une prouesse optique inédite, l’humanité découvre un monde invisible, tapi dans un anneau de poussière à 110 années-lumière.
Le télescope James Webb signe sa première découverte d’exoplanète
Lancé pour observer les confins de l’univers, le télescope spatial James Webb franchit aujourd’hui une étape symbolique et technologique : il a découvert et imagé pour la première fois une exoplanète inconnue. Ce monde, baptisé TWA 7 b, révèle un pan encore vierge de l’astronomie moderne, au croisement de la science planétaire et de l’optique infrarouge. Plus jeune que Neptune, plus léger que tout ce que l’on avait vu jusqu’alors, ce géant gazeux redéfinit le champ d’action du télescope le plus puissant jamais conçu.
Une planète détectée en image directe, au cœur d’Antlia
Une prouesse technique rare
Le cas de TWA 7 b marque un tournant : il s’agit de la première planète détectée par Webb sans qu’elle ait été repérée au préalable par d’autres instruments. Or, parmi les 5 900 exoplanètes aujourd’hui répertoriées, moins de 2 % ont été découvertes par imagerie directe, tant cette méthode exige une sensibilité extrême. C’est pourtant ce qu’a réussi Webb en capturant la lumière réfléchie d’une planète orbitant à 110 années-lumière, dans la constellation de l’Autel. À l’échelle du télescope, ce monde est grand — environ la taille de Saturne — mais il constitue néanmoins la planète la moins massive jamais imagée par ce biais : dix fois plus légère que le précédent record.
Une optique française décisive
L’exploit repose sur l’usage d’un coronographe, un dispositif optique conçu pour masquer l’éclat de l’étoile centrale afin de faire émerger la lumière environnante. Ce coronographe, de conception française, est intégré à l’instrument MIRI (Mid-Infrared Instrument) de Webb. C’est lui qui a permis d’isoler la faible lumière de TWA 7 b dans le halo lumineux de son étoile hôte. Une preuve de plus que les progrès en optique infrarouge et en suppression de lumière parasite sont aujourd’hui capables d’ouvrir des fenêtres autrefois inaccessibles sur les systèmes planétaires jeunes.

Un système en formation sous nos yeux
Un monde lointain, mais encore en croissance ?
TWA 7 b n’est pas une planète banale. Elle gravite à 52 unités astronomiques de son étoile, soit 52 fois la distance Terre-Soleil, bien au-delà de la position de Neptune dans notre propre système. Son étoile, TWA 7, est elle-même une naine rouge d’environ 6 millions d’années. C’est donc un couple planétaire tout juste né à l’échelle cosmique. Les chercheurs ignorent encore si la planète a atteint sa masse définitive ou si elle continue de croître en captant les matériaux du disque circumstellaire.
Des anneaux de poussière bien visibles
L’un des éléments les plus précieux de cette observation vient de l’angle sous lequel le système a pu être étudié : « par le dessus », selon les termes des chercheurs. Ce point de vue permet de visualiser le disque protoplanétaire dans sa structure globale, avec deux grands anneaux concentriques de matière rocheuse et poussiéreuse, ainsi qu’un anneau plus fin dans lequel se niche la planète. Une configuration rare, qui éclaire directement la dynamique de formation des planètes autour d’étoiles jeunes.
Une avancée vers les exoplanètes de type terrestre
Des cibles de plus en plus subtiles
La sensibilité démontrée par Webb dans ce cas précis ouvre la voie à une nouvelle catégorie d’observations. Anne-Marie Lagrange, chercheuse au CNRS et à l’Observatoire de Paris, rappelle que ce résultat « ouvre une nouvelle fenêtre, en termes de masse et de distance, sur les exoplanètes jusque-là inaccessibles ». Car jusqu’à présent, l’imagerie directe ne concernait que des objets très massifs, éloignés de leur étoile. TWA 7 b montre qu’il est désormais possible d’imager des corps bien plus petits, bien que toujours géants par rapport à la Terre.
Une frontière encore infranchie
Pour autant, Webb ne permet pas encore de détecter des planètes rocheuses similaires à la nôtre. Même avec ses instruments les plus sensibles, la lumière réfléchie par une Terre lointaine reste hors d’atteinte. Mais cette découverte constitue une étape vers ce but ultime. De nouvelles campagnes d’observation, couplées à des instruments futurs, pourraient bientôt explorer la composition atmosphérique de TWA 7 b et s’en rapprocher. Photographier une planète habitable ne relève plus de la science-fiction — juste d’une génération de patience.
En résumé :
- Première du genre : Webb a découvert et imagé pour la première fois une exoplanète inconnue, TWA 7 b, dans la constellation de l’Autel.
- Méthode exceptionnelle : moins de 2 % des exoplanètes ont été détectées par imagerie directe — une prouesse que signe ici Webb.
- Un géant modeste : bien qu’elle soit de taille comparable à Saturne, TWA 7 b est la plus légère jamais captée en lumière directe.
- Coronographe français : l’instrument MIRI de Webb, équipé d’un masque optique de conception française, a permis cette observation.
- 52 fois plus loin que la Terre : la planète orbite très loin de son étoile, dans une zone inexplorée par les méthodes indirectes.
- Système très jeune : TWA 7 et sa planète ont environ 6 millions d’années, contre 4,5 milliards pour notre Soleil.
- Anneaux visibles : trois structures de poussière entourent l’étoile, dont une étroite dans laquelle TWA 7 b évolue.
- Pas encore d’exoterres : Webb ne peut pas encore imager des planètes comme la Terre, mais cette découverte ouvre un chemin prometteur.