L’avenir suspendu des orques français

L'avenir suspendu des orques français

La nostalgie, ce n’est naturellement pas pour moi ! En tout cas, c’est ce que je criais haut et fort à tous ceux qui parlaient de leur jeunesse, de leur madeleine ou de tout autre souvenir leur arrachant une petite larme. Mais force est de constater que je suis désormais atteinte de ce mal. A chaque génération son souvenir du vivant non humain : il y eut Flipper, Lassie, Skipper et pour moi, Willy.

Une orque pour ami

Jesse est un jeune garçon qui, abandonné par sa mère, est livré à lui-même et commet quelques méfaits sans gravité, mais qui lui valent un placement dans une famille d’accueil, qui va non seulement l’accueillir, mais se prendre d’affection pour lui et l’adopter. Alors auteur de quelque acte de vandalisme sur le delphinarium de la ville, Jesse contraint de réparer ses bêtises en nettoyant sa prose. A son arrivée dans le centre d’attractions aquatiques, il fait la connaissance de la vétérinaire de l’établissement et de l’ensemble de l’équipe soignante, mais c’est sa rencontre avec Willy, une orque mâle, capturée dans le Pacifique qui va bouleverser sa vie, car l’enfant va se lier d’amitié avec ce géant des mers.

Duo d'orques en milieu naturel
Duo d’orques en milieu naturel

Une quête de liberté

Loin d’accepter son sort, Willy refusera le dressage et l’on sent tout au long du film que ce puissant animal ne souhaite qu’une seule chose : retrouver la liberté et non accomplir des pitreries pour distraire les humains. Dans ce but, il va être aidé de Jesse, de ses parents adoptifs et d’un certain nombre de soignants du delphinarium. Car, loin de s’épanouir dans cet environnement qui ne lui est pas familier et qui n’est pas le sien, Willy va dépérir et surtout, crime oh combien grave, ne va pas rapporter d’argent au propriétaire du parc aquatique qui, prend les traits du méchant dans le film souhaitant se débarrasser de l’encombrant et coûteux mammifère. Dès lors, Jesse va tout faire pour aider son ami Willy à se libérer de sa captivité, et démontrer ainsi qu’en unissant leurs forces, rien n’est impossible.

Une prise de conscience pour l’enfant que j’étais

S’il existe une vertu à ce film, outre celle que l’amitié peut naître entre le vivant humain et le vivant non humain, c’est bien la notion de liberté. Grâce à celui-ci (et aussi, je le confesse, grâce au film « ORCA », l’enfant que j’étais alors, avait quelques marottes), j’avais parfaitement intégré que les animaux devaient vivre dans leur environnement naturel, et que l’humain, pouvait représenter une menace pour leur survie. La prise de conscience fut tellement intense que je tairais le nombre de visionnages de la cassette VHS via le magnétoscope familial, et le nombre d’entraînements découlant de chacun d’eux, à faire sauter une orque imaginaire, depuis la pelouse familiale jusqu’au ciel, en hurlant : « Saute, Willy, saute ! ». Mais surtout, ce film m’a permis de comprendre que les animaux, en l’occurrence les orques que j’affectionne toujours autant, possèdent tout comme les êtres humains, une personnalité singulière et peuvent être dotées d’une certaine dose de conscience (toujours selon l’autre film de ma jeunesse « ORCA ») pouvant s’avérer de sacrées joueuses à l’instar de Gladys, la terreur des safrans, dont le terrain de jeu s’étend du Golfe de Gascogne jusqu’au détroit de Gibraltar et pour qui un été sans safran à mâchouiller, ne serait pas un été.

Orque en captivité
Orque en captivité

Une réalité déchirante

Mais derrière cette fresque romanesque, bien des années plus tard, j’ai pris de conscience que la vie des orques (ou de tout autre animal) vivant en captivité ne saurait être considérée comme satisfaisante. Pourtant, à l’époque, j’avais parfaitement intégré le sort de l’orque puisque je voulais l’aider à retrouver sa liberté perdue par la faute de l’homme, mais je l’avais oublié puisque, portée par l’histoire de ce film. Aujourd’hui, à plus de quarante ans, j’ai eu envie de le revoir, et j’ai donc naturellement fait une recherche sur internet (je n’ai plus de magnétoscope). Je suis alors « tombée » sur un article concernant des orques vivant actuellement à Antibes dans un parc d’attraction qui a fermé ses portes en janvier 2025. Mais quid des deux derniers mammifères bloqués dans leur aquarium ? Et bien, pour le moment, ils restent à demeure puisqu’aucune solution pérenne n’a été trouvée. Le parc d’attraction situé à Ténérife, qui ambitionnait l’accueil des orques, ne remplissait pas les normes en matière d’infrastructures que ce soit en termes de surface, de volume ou de profondeur de bassins pour accueillir, non pas Willy, mais Wikie et Keijo. Aujourd’hui, les deux orques sont toujours captives et leur destiné semble, à date, bien incertaine.

Si « Sauvez Willy » avait contribué à sensibiliser l’enfant que j’étais à la notion de liberté, l’adulte que je suis devenue ne peut que ressentir une profonde indignation quant aux comportements inconséquents et révoltants de l’Homme. Mais gageons que comme dans le film, Wikie et Keijo, sauteront la digue et retrouveront leur liberté (mais cela ne pourra être que dans un sanctuaire de semi-liberté car incapables de retourner à l’état sauvage après tant d’années prisonnières).

En résumé :

  1. Nostalgie et souvenirs d’enfance : Le film Sauvez Willy éveille une nostalgie cinématographique profonde, rappelant aux générations des années 90 l’impact émotionnel d’une amitié hors norme entre un enfant et une orque, marquant durablement l’enfance de nombreux spectateurs.
  2. Relation homme-animal émouvante : L’histoire de Jesse et Willy met en lumière une connexion unique entre humains et animaux marins, soulignant la capacité des orques à ressentir et à interagir, bien au-delà du simple dressage en captivité.
  3. Liberté animale et critique de la captivité : Le récit central porte un message fort sur la liberté des animaux sauvages, dénonçant la captivité des orques dans des bassins inadaptés et les dérives des parcs aquatiques exploitant ces êtres sensibles à des fins lucratives.
  4. Prise de conscience écologique précoce : Le film a été un déclencheur de sensibilisation à la cause animale pour une génération entière, illustrant dès le plus jeune âge que les animaux marins comme les orques méritent un environnement naturel et respectueux.
  5. Une actualité toujours brûlante : Des décennies plus tard, l’affaire des orques Wikie et Keijo encore captives à Antibes révèle que le combat pour la fin de la captivité des cétacés est toujours d’actualité. Le rêve d’un sanctuaire marin pour orques reste une nécessité urgente.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Social profiles