Le plus grand parachute jamais construit pour sécuriser LE projet européen interplanétaire

Le plus grand parachute jamais construit pour sécuriser LE projet européen interplanétaire

À l’occasion d’un test stratosphérique décisif, les parachutes du programme ExoMars ont démontré leur fiabilité. Dans les coulisses, une coopération européenne portée par la France et l’Italie orchestre cette prouesse technique, en vue d’un atterrissage sur Mars dès 2030.

L’exploration martienne est souvent racontée depuis Houston ou Pékin. Mais cette fois, c’est depuis la stratosphère suédoise qu’un morceau d’Europe est tombé… avec brio. Le 7 juillet 2025, un test grandeur nature a validé la séquence critique de descente du rover Rosalind Franklin. Deux parachutes, l’un de 15 mètres, l’autre de 35 mètres, se sont ouverts sans accroc à 29 kilomètres d’altitude. À l’origine de cette prouesse, une chaîne industrielle européenne — avec un rôle moteur assumé par la France et l’Italie.

Un test grandeur nature à 29 kilomètres d’altitude

Le scénario semblait tout droit sorti d’un film de science-fiction : une capsule larguée en chute libre depuis la haute atmosphère terrestre, propulsée vers le sol à près de 1 200 km/h. Objectif ? Reproduire au plus près les conditions martiennes — cette atmosphère raréfiée qui ne pardonne aucune erreur. Pendant 20 secondes, la capsule descend, jusqu’à ce que deux parachutes géants se déploient en cascade. Aucun enchevêtrement, aucune déchirure : le système fonctionne. Ce succès vient clore plus de quatre années d’itérations techniques et de campagnes d’essais. La performance a été orchestrée depuis le site suédois d’Esrange, mais c’est bien l’Europe qui tient les commandes.

Reproduire Mars, sans quitter la Terre

L’atmosphère martienne est 100 fois moins dense que celle de la Terre. Pour s’y poser sans fracas, il faut des parachutes plus grands, plus robustes et plus précis. Le test du 7 juillet a permis de simuler ces conditions avec finesse, en atteignant les vitesses et la pression dynamique caractéristiques de la descente finale sur Mars. L’équipe de l’ESA a pu confirmer que la séquence de déploiement — critique pour l’atterrissage du rover Rosalind Franklin — est désormais fiable.

Deux parachutes et quatre kilomètres de suspentes

Derrière ce test réussi, il y a surtout une feuille de tissu géante… ou plutôt deux. Le premier parachute, déployé à vitesse supersonique, mesure 15 mètres de diamètre. Il stabilise la descente et prépare l’ouverture du second, d’un diamètre record de 35 mètres. À eux deux, ils offrent une surface de plus de 800 m², suspendus par 4 kilomètres de suspentes. Le tissu ultraléger et les contraintes de pliage ont exigé une préparation minutieuse, même si les chiffres précis restent confidentiels. Chaque phase, du déploiement à la stabilisation, a été pensée pour éviter les moindres contraintes mécaniques excessives.

Un design itératif, éprouvé par l’échec

En 2016, la sonde Schiaparelli avait échoué à se poser sur Mars, soulignant la complexité de cette phase. Les équipes européennes ont depuis revu intégralement le système de déploiement. Les campagnes de tests ont permis de renforcer la fiabilité sans recourir à des matériaux superflus. Le test de juillet démontre que l’approche itérative et prudente a porté ses fruits.

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Une réussite franco-italienne, moteur de l’ambition européenne

Derrière les parachutes d’ExoMars, il y a un acteur central : Thales Alenia Space, société franco-italienne basée entre Cannes et Turin. Elle assure la maîtrise d’œuvre du système d’entrée, descente et atterrissage (EDL) du rover Rosalind Franklin. Depuis la rupture de coopération avec la Russie en 2022, c’est à elle qu’est revenue la lourde tâche de recertifier et valider les équipements. Cette mission martienne est désormais un projet 100 % européen, dont la France et l’Italie sont les architectes techniques.

Une chaîne industrielle à haute densité technologique

La France et l’Italie ne sont pas seules. Les Pays-Bas, la République tchèque et la Suède participent également à la conception, la fabrication et les essais. Mais le cœur de l’assemblage, les systèmes de déploiement et la coordination technique sont assurés depuis les centres français et italiens de Thales. Cette implication incarne une Europe technologique soudée, capable de viser Mars avec ses propres moyens.

Cap sur Mars pour 2028, atterrissage en 2030

Avec ce test validé, le programme peut reprendre son cours : lancement prévu en 2028, atterrissage en 2030. Le rover Rosalind Franklin, déjà construit, forera jusqu’à deux mètres sous la surface martienne pour chercher d’éventuelles traces de vie. Le site retenu, Oxia Planum, est un ancien delta fluvial riche en minéraux argileux. Mais pour atteindre cette cible, encore faut-il que chaque système soit parfaitement intégré.

Dernière ligne droite : l’intégration finale

Il reste à assembler tous les modules — parachutes, rétrofusées, plateformes — dans un ensemble cohérent. Les tests finaux s’enchaîneront avant la campagne de lancement. La réussite de la descente martienne repose désormais sur l’excellence industrielle européenne. Une chose est sûre : l’Europe descend sur Mars avec méthode, ambition et précision.

En résumé :

  • Le 7 juillet 2025, un test stratosphérique a validé le déploiement des parachutes du rover Rosalind Franklin à 29 km d’altitude.
  • Le système de freinage comprend deux voiles de 15 m et 35 m de diamètre, totalisant plus de 800 m² et 4 km de suspentes.
  • Le test simulait les conditions martiennes avec une descente proche du mur du son et un ralentissement contrôlé.
  • L’échec de 2016 a conduit à une refonte complète du système, dont la fiabilité est désormais prouvée.
  • Thales Alenia Space (France-Italie) pilote le système d’atterrissage, devenu 100 % européen depuis 2022.
  • L’ensemble du système industriel mobilise aussi les Pays-Bas, la République tchèque et la Suède autour d’un noyau franco-italien.
  • Le lancement est prévu pour 2028, avec un atterrissage sur Oxia Planum en 2030 pour rechercher des traces de vie.
  • L’intégration finale des modules est en cours : la dernière ligne droite avant l’embarquement pour Mars.

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