Le siècle des Lumières est éblouissant à bien des égards et l’évolution de la société, notamment dans le domaine des enquêtes criminelles, est parfaitement incarnée par un jeune commissaire du Châtelet (forteresse édifiée par Louis VI, située sur la rive droite de la Seine, servant à la fois de salle de torture et de morgue, la basse geôle), répugnant à l’utilisation de la torture comme méthode d’investigation y trouve une place de choix.
Un breton à Paris
Nicolas Le Floch naquit en Bretagne, et est le fils illégitime du marquis de Ranreuil, parrain ce dernier, qui le recommande à Monsieur de Sartine alors responsable des affaires sensibles du roi Louis XV, puis de son successeur, Louis XVI. Il est élevé par le chanoine Le Floch et poursuit ses études de droit à Vannes, avant de devenir clerc de notaire à Rennes. Pour le téméraire et fougueux jeune homme, la perspective de devenir notaire est des plus rébarbatives. Une fois « monté » dans la capitale du royaume, il va devoir enquêter sur une affaire bien délicate, qu’il va résoudre avec l’aide de son adjoint, Pierre Bourdeau, le parfait opposé de Nicolas, mais aussi le sémillant médecin de marine Guillaume Semagnus. Ce premier succès lui vaut d’être nommé commissaire de police au Châtelet.
Une vie tumultueuse
Dans la France du 18e siècle, la France est organisée en caste et chacun y joue un rôle. Si des transfuges y sont possibles (Madame du Barry, favorite et amoureuse de Louis XV est de basse extraction ayant eu une vie des plus dissolue), ils demeurent difficiles. Mais Nicolas n’en à cure et il entretient une liaison avec une prostituée du nom de La Satin pour laquelle il éprouve quelques inclinaisons amoureuses fortes. Nonobstant, la fidélité amoureuse n’est ni dans l’air du temps, ni dans l’ADN de Nicolas, bien qu’il se révèle d’une loyauté sans faille pour les êtres aimés. Il va faire la connaissance d’une femme, intelligente, femme d’affaires et mère maquerelle du nom de La Paulet, qui voit dans son bordel passer la fine fleur du Tout-Paris, et n’hésitera pas à donner des pistes d’investigation à Nicolas.
Une ascension prodigieuse
Avec force et détermination, et sans aucun plan de carrière, Nicolas va gravir les échelons de cette société qu’il connaît en profondeur et en connaît tous les aspects ou presque. Son caractère précis et rigoureux lui vaut un certain nombre d’affrontements avec son supérieur, Monsieur de Sartine qui, bien plus que Nicolas, connaît et surtout accepte les compromis pour ne pas dire les compromissions. De cela, Nicolas est exsangue. La vérité pour lui demeure un besoin impérieux, réparer l’injustice, punir les coupables, voilà le sacerdoce du jeune homme. Au fil du temps, on découvre, souvent en même temps que Nicolas lui-même, des pans de la vie de notre héros non sans surprise.
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Un beau commissaire
Si le physique du fringant commissaire ne laisse aucune de ces dames indifférentes, son aura emporte irrémédiablement l’adhésion du plus grand nombre. Il faut se figurer qu’au 18e siècle, la notion de fidélité dans le mariage est entachée par le mariage lui-même. Certes, notre héros n’a nullement consenti (pas encore ?) aux joies d’un mariage d’amour mais à cette époque, on se marie pour un titre, un territoire, plus rarement par allant amoureux ou romantique. Les femmes (pour ne pas dire les jeunes filles, voire les enfants) se retrouvent souvent mariées à, il faut bien le dire, de vieux messieurs cacochymes, et s’adaptent à une situation de fait n’hésitant pas à prendre amant. Mais pour Nicolas, il n’en est rien. Il est beau, intelligent, courageux et téméraire à la limite de l’insolence. La frivolité amoureuse s’inscrit donc dans une époque.
Les aventures du commissaire Nicolas Le Floch sont sorties de l’imagination prolixe d’un ancien diplomate, aujourd’hui disparu, Jean-François Parot, qui a su comme personne capter l’attention du lecteur pour des enquêtes se déroulant dans le Paris bouillonnant prérévolutionnaire en élaborant des personnages charismatiques.
En résumé :
- Un polar historique captivant : Les aventures de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet, plongent le lecteur dans le Paris du XVIIIe siècle, mêlant enquêtes criminelles, complots d’État et atmosphère prérévolutionnaire. Une série incontournable pour les amateurs de romans policiers historiques.
- Un héros hors normes : Breton d’origine illégitime, Nicolas incarne l’archétype du commissaire de génie : beau, brillant, incorruptible et passionné par la vérité. Son ascension sociale dans une France monarchique rigide illustre une quête de justice hors des conventions.
- Une vision réaliste du siècle des Lumières : L’œuvre brosse un tableau authentique du XVIIIe siècle à Paris, abordant les classes sociales, la condition féminine et la complexité des mœurs à travers une galerie de personnages hauts en couleur, comme La Satin ou La Paulet.
- Une alternative à la torture judiciaire : Contrairement aux pratiques de l’époque, Nicolas Le Floch s’illustre par des méthodes d’enquête modernes, refusant la torture et privilégiant l’intelligence et l’observation, ce qui en fait un personnage en avance sur son temps.
- Une série signée Jean-François Parot : Créée par l’écrivain diplomate Jean-François Parot, cette saga policière mêle intrigue romanesque et reconstitution historique précise, captivant les passionnés de littérature policière française et d’histoire de France.
