Ce vêtement, au demeurant fort pratique, a longtemps été interdit de port pour les femmes. Retour sur l’histoire singulière d’une désormais pièce maîtresse du dressing féminine.
- Ce mystère millénaire perdure, malgré les avancées scientifiques
- Retour d’enfance : les comptines, berceuses et autres histoires
- Ce champignon sauve des vies, et pourtant il a été découvert par hasard
Une symbolique avant toute autre chose
Si dans l’histoire, des femmes ont revêtu cet habit dont le port leur était alors proscrit, c’était le plus souvent dans le dessein de se travestir en homme à l’instar de Jeanne d’Arc que l’on ne présente plus et qui finit tout de même sur le bûcher pour cette raison (entre autres choses) ou d’une autre Jeanne, Jeanne Barret qui a embarqué clandestinement sur le navire L’Etoile lors de l’expédition de Bougainville. Au 19e siècle en Grande-Bretagne, Amelia Bloomer, fervente militante de la reconnaissance des droits de la femme, arbore un pantalon très ample, que l’on pourrait qualifier de jupe-culotte, tombant au-dessous des genoux. Le port du pantalon était à cette époque, non seulement proscrit, mais se révélait être un acte de revendication militant.
Et Mademoiselle libéra la femme élégante : retour sur une pièce du dressing emblématique
Une légère inflexion
Le port du pantalon pouvait toutefois être autorisé dans certaines circonstances, naturellement très encadrées, comme lors d’une pratique sportive par exemple. Malgré ces cas particuliers, l’interdiction dans l’hexagone fut entérinée par une loi de novembre 1800 stipulant « que toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la préfecture de Police pour en obtenir l’autorisation ». Le texte de cette loi aura de quoi faire se dresser les cheveux sur le haut de nos crânes que l’on soit un homme ou une femme. En 1892 et 1909, deux ordonnances viennent acter en France, les dispenses accordées lors d’activités sportives, mais également dans le cas de l’exercice d’une activité d’homme. Le cas de Georges Sand est éloquent puisqu’elle avait fait du port du pantalon, son outil de travail. Mais une femme pris le combat (et le business qu’il représente) à bras le corps.
Ce fleuve mythique dont le nom évocateur d’aventures est connu depuis l’Antiquité
La révolution de Coco
En 1930, la plus célèbre ambassadrice des femmes élégantes, la styliste Gabrielle Chanel, décide de créer une collection autour du pantalon, qu’elle juge pratique et qui doit naturellement devenir élégant pour les femmes. Elle est alors une modiste en vogue et son talent combiné à son style de vie pour le moins libre, en fait une redoutable pionnière. L’idée de Gabrielle Chanel est simple, faciliter l’accès aux tenues de plage, facilitant les mouvements, à la fois sophistiquées, mais sans en avoir l’air. Pour ce faire, elle acquiert un stock de jersey alors qu’elle se trouve à Deauville, et commence la confection. La mode est lancée contribuant, encore une fois, à la libération vestimentaire de la femme. Bientôt, ce sont des actrices emblématiques d’une époque qui l’arborent telles que Marlène Dietrich ou Katherine Hepburn.
Le saviez-vous : la quintessence du glamour, l’histoire du rouge à lèvres
L’abolition de l’ordonnance de 1800 intervint le.. 31 janvier 2013
Le 7 novembre 1800 était donc adoptée la loi visant à interdire aux femmes le port du pantalon, puisque considéré comme étant le travestissement de la femme (de là à y voir une tromperie sur la marchandise…) et il aura fallu patienter jusqu’au 31 janvier 2013, pour que l’abrogation de cette ordonnance soit entérinée. Ainsi, le législateur a fait savoir que celle-ci était incompatible avec les principes d’égalité entre les hommes et les femmes et se heurtait aux dispositions contenues notamment dans le Préambule de la Constitution de 1946. Plus de deux siècles après sont entrée en vigueur, cette disposition législative est abolie, alors même que les femmes avaient pris, depuis fort longtemps déjà, possession de cet habit parfaitement adapté à la vie moderne.
Si les habitudes peuvent avoir la vie dure, faire la poussière dans des textes contraignants et d’un autre temps peut également avoir du bon.
En résumé :
- Le pantalon féminin, un vêtement contesté : Longtemps considéré comme un symbole de transgression vestimentaire, le pantalon pour femmes a été interdit par la loi de 1800, sauf dérogation exceptionnelle. Son port était perçu comme un acte de rébellion contre les normes de genre et un outil d’émancipation féminine.
- Des figures historiques en avance sur leur temps : Des femmes comme Jeanne d’Arc, Jeanne Barret, ou Amelia Bloomer ont bravé les interdits pour porter le pantalon, transformant ce vêtement en symbole de lutte pour les droits des femmes et en vecteur d’égalité vestimentaire.
- Gabrielle Chanel, pionnière du pantalon chic : Dans les années 1930, Coco Chanel révolutionne la mode féminine en intégrant le pantalon dans ses collections. Elle en fait une pièce élégante, fonctionnelle et libératrice, marquant un tournant dans l’histoire du pantalon femme tendance.
- Une loi abrogée en… 2013 : Bien que largement désuète, l’interdiction légale du pantalon féminin n’a été officiellement abrogée qu’en 2013. Une démonstration que certains textes de loi sexistes peuvent perdurer bien au-delà de leur époque.
- Une pièce incontournable du dressing moderne : Aujourd’hui, le pantalon pour femme est un indispensable du vestiaire contemporain, porté dans tous les contextes : professionnel, décontracté ou cérémoniel. Il incarne à la fois l’élégance moderne et la liberté de mouvement.