
La pudeur est à tous les étages de ce documentaire tourné par une fille sur cette mère que tout le monde connaît, malgré des réponses de l’interviewée, franches et implacables, aux questions délicatement directes d’une fille qui sait que la fin est proche.
- Un agent secret au service de la France des années 1950 : Hubert Bonisseur de la Bath
- Découvrez ou redécouvrez la vie de cette actrice américaine légendaire, oscarisée à quatre reprises
- Falco : un héros à la « Olivier Marchal » qui transcende la série
Un monument de la chanson
Jane Birkin avait déjà fait l’objet d’un documentaire signé par Agnès Varda dans les années 1980 dans lequel, elle évoluait chez elle, dans un exercice de style décontracté et simple. Dans celui tourné par sa fille Charlotte, elle se livre sans fard, « nature », répond aux questions avec une sincérité désarmante empreinte d’une certaine malice. Le documentaire s’ouvre sur le concert que Jane Birkin a donné dans plusieurs villes du monde avec un orchestre philharmonique. L’ombre de son pygmalion plane sur la scène tant est si bien, qu’elle le remerciera au cours de ce tour de chant. La boucle sera bouclée avec le retour de Jane B., trente ans après son départ, rue de Verneuil à Paris, dans la maison de Serge Gainsbourg avec lequel elle a vécu plusieurs années en compagnie de sa fille aînée Kate, et de sa deuxième fille, Charlotte.
Cette série britannique manie l’humour noir et l’action avec finesse
Une délicatesse très « british »
Ce duo mère-fille va explorer les non-dits des relations, la pudeur des sentiments, l’absence tout simplement de devoir se dire les choses. L’humour fait partie intégrante de ce témoignage que livre, sous le regard attendri de sa fille Charlotte, Jane B. Réservée, pudique, gracieuse. Elle avoue bien volontiers qu’elle souffre d’une douce maladie, celle de garder les objets, même cassés, même inutiles devenus inutilisables, mais elle les garde. Les conseils prodigués par la mère à la fille pour faire accepter la venue d’un nouveau chien familial est tellement véridique (qui n’a jamais eu cette conversation ?) est délicieusement malicieux et révèle une grande complicité.
Un témoignage pour l’après
Au fil du documentaire, on comprend que la maladie, beaucoup plus agressive que celle de garder des objets cassés, est l’autre personnage, invisible et pourtant présent. Avec le même naturel et la même franchise, elle y est abordée autour d’un verre de vin partagé en plein vent breton dans un écrin de verdure et de mer. Jane B. y parle avec beaucoup de spontanéité, de l’après qui s’annonce, celui qui fait peur, celui que l’on sait inévitable, prochain. Sans jamais tomber dans le pathos, toujours avec la même légèreté, bien qu’empreinte de gravité. Et puis surtout, il y a les absents, la fille aînée de Jane, Kate disparue après une chute accidentelle, celle de Serge Gainsbourg et des parents de Jane. Elle va souligner avec beaucoup de justesse, que l’on ne parle jamais autant des êtres aimés que lorsqu’ils ne sont plus. Kate est l’autre fil rouge du documentaire.
Ce film n’a rien de voyeur bien au contraire, il est un témoignage du temps qui passe, de la suite inéluctable des événements, sur laquelle elle se confie avec pudeur et naturel. Les anecdotes y sont truculentes, notamment celle de la grand-tante, Maud.
Documentaire « Jane par Charlotte », disponible en replay sur Arte
En résumé :
- Un portrait intime de Jane Birkin : Le documentaire Jane par Charlotte dévoile un portrait sincère et pudique de la chanteuse, réalisé par sa fille Charlotte Gainsbourg. Entre témoignage familial, regard attendri et conversations profondes, le film explore la relation mère-fille avec une sensibilité rare.
- Un hommage à la carrière musicale : Des extraits de concerts symphoniques rappellent que Jane Birkin est un monument de la chanson française, toujours marquée par l’influence de Serge Gainsbourg. Ce documentaire musical rend hommage à une artiste complète et discrète.
- La pudeur au cœur du récit : Avec une délicatesse toute britannique, Jane Birkin aborde les thèmes de la transmission intergénérationnelle, des non-dits et des émotions retenues. Le film met en lumière une pudeur émotive universelle, renforcée par un humour discret mais omniprésent.
- Un dialogue avec l’absence : Le documentaire évoque avec sobriété les absences douloureuses : Serge Gainsbourg, Kate Barry, et les parents de Jane. Le sujet de la mort imminente, abordé sans pathos, donne une dimension profonde à ce film-hommage sur la mémoire.
- Une œuvre pudique et universelle : Jane par Charlotte est un documentaire introspectif sur le temps qui passe, les liens familiaux et la fragilité de la vie. Accessible sur Arte, il s’impose comme une œuvre touchante et authentique, qui parle à chacun.