L’histoire du parfum s’inscrit souvent dans la grande histoire. Ainsi, les plus grands de ce monde portent, eux aussi, des créations olfactives et pas seulement sur mesure. Petit tour d’horizon olfactif.
Les reines
Si l’on sait que le parfum existe depuis l’antiquité, il a récemment été démontré que la reine d’Egypte, Cléopâtre VII portait une fragrance envoûtante (qui a pu être reconstituée à partir d’un échantillon découvert dans une jarre) contenant de la myrrhe, de la cardamome ainsi que de la cannelle et de l’huile d’olive, rendant le mélange tenace (il se dit que c’est avec cet opulent parfum, qu’elle aurait séduit Marc Aurèle). Autre époque, autre reine : Catherine de Médicis avait un goût sûr et raffiné et portait une fragrance soulignant un bouquet frais hespéridé, à base d’agrumes italiens, de néroli, de romarin sur fond de musc, que l’on peut encore se procurer aujourd’hui auprès de la maison Santa Maria Novella. La reine Marie-Antoinette avait également une préférence pour les parfums frais et fleuris et l’on peut également retrouver une fragrance similaire à celle qu’elle portait auprès de la maison Arty Fragrance, pour laquelle Elizabeth de Feydeau a pu recréer une fragrance très proche de celle portée par la dernière reine de France, dont les notes sont : le petit-grain, la mandarine, la rose de Mai, l’iris pour les notes de tête et de cœur et en note de fond, le cèdre, le santal, le benjoin, le musc et la fève tonka. Plus proche de nous, la préférence de la reine Elisabeth II se portait sur un grand classique de la parfumerie contemporaine de la maison Guerlain, « L’heure bleue », qui selon la légende, fut celui que la souveraine, arborait lors de son mariage avec le prince Philip et qui est toujours disponible auprès de la maison éponyme. La souveraine britannique aimait également les créations de la marque Floris, notamment ses savons à la rose ou encore la fragrance « White Rose ». Pour la reine Letizia d’Espagne, ce sera un autre joyau de la parfumerie française : « L’eau du soir » de Sisley, création d’Isabelle d’Ornano commençant par une note légère et hespéridée pour évoluer vers un chypré délicat. Mais les parfums ne sauraient être l’apanage des reines.
Des hommes au nez raffiné
Le premier d’entre eux est Napoléon Bonaparte qui aimait à se parfumer avec une cologne, fabriquée à Fouras (département de la Charente-Maritime) dont la composition est demeurée inchangée et dont la formule originale a pu être recréée grâce au Mamelouk Ali, fidèle valet de Napoléon Ier. Avant son exil, l’empereur aimait particulièrement les créations olfactives de Jean-Marie Farina, dont il découvrira les créations lors de la campagne d’Italie, au point de se frictionner généreusement avec l’eau de toilette créée par celui-ci (que l’on peut se procurer encore aujourd’hui dans la collection Roger & Gallet « Eau de Cologne« ). Mais l’empereur ne fut pas le seul souverain à aimer se parfumer. Ainsi, le roi Charles III, connu pour son bon goût et le raffinement, a choisi l’iconique « Eau sauvage » de Dior, dont il n’hésitait pas à faire généreusement usage durant les années 1980 et 1990 selon le témoignage de son fils cadet. Toutefois, le roi Charles porte également des créations de la maison Penhaligon’s (avec laquelle il a par ailleurs collaboré pour la fragrance « Hightgrove bouquet ») et que son père, le prince Philip d’Edimbourg, affectionnait tout particulièrement (il portait la création « Blenhiem Bouquet », fragrance élégante mêlant les notes fraîches et hespéridées, que le prince Charles aurait également porté. Mais pas plus que les reines, les souverains ne sauraient avoir le monopole du parfum. Ainsi, le plus célèbre des Premiers ministres britanniques, Winston Churchill, outre le fait de réfléchir et penser le monde dans sa baignoire, était un fidèle de la fragrance Clive Christian Town & Country, créé en 1925. En France, François Mitterrand, érudit raffiné, aimait particulièrement la fragrance créée par Annick Goutal, « L’eau d’Hadrien » dont il aurait en aurait adressé un exemplaire à la princesse Diana lors de la naissance de son fils cadet.
Bien plus que de simples senteurs, les parfums portés par les personnalités de premier plan s’inscrivent dans l’Histoire d’une nation, d’un pays, d’une époque. Loin d’être anecdotiques, les fragrances ayant accompagné les reines ou les rois, permettent une immersion olfactive dans l’environnement historique d’alors.
En résumé :
- L’histoire du parfum et des reines : De Cléopâtre à Marie-Antoinette, les reines ont marqué l’histoire de la parfumerie royale avec des fragrances emblématiques à base de myrrhe, d’agrumes, ou de fleurs nobles, toujours rééditées par des maisons historiques comme Santa Maria Novella ou Arty Fragrance.
- Parfums iconiques des souveraines modernes : De la reine Élisabeth II à la reine Letizia d’Espagne, les souveraines contemporaines continuent de privilégier des parfums de luxe intemporels, comme « L’Heure Bleue » de Guerlain ou « L’Eau du Soir » de Sisley, renforçant l’image du parfum comme marque de prestige.
- Napoléon et l’héritage olfactif impérial : Passionné de colognes historiques, Napoléon Bonaparte popularise l’usage intensif de fragrances fraîches et hespéridées, dont certaines, comme celles de Jean-Marie Farina, sont encore disponibles via Roger & Gallet.
- Rois et élégance parfumée : De Charles III à Philip d’Édimbourg, les hommes de pouvoir affichent leur raffinement olfactif avec des choix comme « Eau Sauvage » de Dior ou les parfums de la maison Penhaligon’s, incarnant un art de vivre royal.
- Le parfum, mémoire historique et culturelle : Plus qu’un accessoire, le parfum des grandes figures historiques révèle les goûts d’une époque et permet une immersion sensorielle dans l’histoire, soulignant son rôle dans la transmission du patrimoine olfactif.