Le rouge à lèvres est souvent synonyme dans l’imaginaire collectif de glamour, d’élégance et de séduction. Retour sur un fard connu depuis l’antiquité.
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Un fard existant depuis l’Antiquité
La première utilisation datée du rouge à lèvres remonte à plus de 5 000 ans avant notre ère en Mésopotamie. Il était élaboré en broyant des pierres mélangées à de la pâte ou de la cire d’abeille. Le plus ancien tube de rouge à lèvres à proprement parler, remonte à plus de 4 000 ans et a été retrouvé sur les terres iraniennes. On retrouver également sa trace en Egypte et provenait de pigments d’ocre, de cire ou de résine, il était alors utilisé lors des rites funéraires pour souligner l’aspect spirituel. Cléopâtre, la plus célèbre reine d’Egypte, se fardait avec des rouges à lèvres élaborés avec le carmin de cochenille, élément follement onéreux, qui permettait d’asseoir le prestige de cette reine éblouissante. Dans la Grèce antique, les femmes préféraient s’enduire les lèvres avec de la mûre écrasée, soulignant ainsi la couleur naturelle de celles-ci.
Au Moyen-Âge, le rejet
Sous l’impulsion de l’Eglise, le rouge à lèvres n’a plus la côte, puisque celle-ci encourage le visage au naturel, allant jusqu’à condamner son utilisation. Au XVIe siècle, il fait pourtant son grand retour grâce à la reine Elisabeth Ier d’Angleterre qui va réintroduire son usage grâce notamment à une préparation à base de pigment de cochenille (encore eux), de gomme arabique et de blanc d’œuf. Son utilisation était alors réservée à la caste aristocratique. Néanmoins, deux siècles plus tard, une loi voit le jour outre Manche, allant jusqu’à criminaliser son utilisation qui était alors considérée comme un acte de tromperie envers les hommes, ayant pour dessein une union, fondée sur la tromperie. Heureusement, les époques peuvent succéder, mais pas nécessairement se ressembler.
L’époque moderne
Comme nous l’avons vu précédemment, les compositions du célèbre et indémodable bâton de rouge à lèvres diffèrent en fonction des époques, et certains modes de fabrication peuvent étonner. Au XVIIIe siècle, le rouge à lèvres est fabriqué avec de la moelle de veau, de la pommade, du concombre ou encore de la cire. Mais la prouesse va venir d’un visionnaire en la personne de Pierre-François-Pascal Guerlain qui va créer le tout premier rouge à lèvres, tel que nous le connaissons aujourd’hui. En 1870, soit plus de quarante ans après sa première création, il créait le premier bâton de rouge à lèvres à base de cire de bougie teintée de pulpe de raisin noir, le tout agrémenté d’un bouton pressoir. La mode est lancée et le grand public va accéder à celui-ci. Toutes les marques vont en créer, à tous les prix, de toutes les couleurs et pour toutes les femmes. Après la guerre, Gabrielle Chanel instaure la bouche rouge pour toutes, alors réservée aux actrices ou aux demi-mondaines. Mais l’apogée de ce petit bâton sera atteinte grâce à des actrices-icônes telles que Marilyn Monroe, Audrey Hepburn ou encore Ava Gardner qui vont élever cet attribut au plus haut niveau de la sophistication hollywoodienne. La bouche sera rouge ou ne sera pas.
Bien plus qu’un simple atour, le rouge à lèvres s’est révélé au cours de l’histoire, être un curseur social, sociétal ou politique. Il fut et demeure un allié pour celles et ceux désireux de s’en farder, tant l’offre aujourd’hui est exponentielle.
En résumé :
- Origines antiques du rouge à lèvres : Le rouge à lèvres, cosmétique iconique, existe depuis plus de 5 000 ans. Utilisé en Mésopotamie, en Égypte et dans la Grèce antique, il était fabriqué à partir de pigments naturels comme la cire d’abeille, l’ocre ou le carmin de cochenille. Ces recettes ancestrales de maquillage soulignent son rôle dans les rituels de beauté et de pouvoir.
- Rouge à lèvres et interdits religieux : Au Moyen Âge, l’Église condamne le maquillage, jugé contraire à la vertu. Le maquillage des lèvres est alors assimilé à une tromperie. Cette période marque une rupture dans l’histoire du rouge à lèvres, jusqu’à sa renaissance au XVIe siècle avec Élisabeth Iʳᵉ.
- Évolution des formules cosmétiques : De la moelle de veau à la pulpe de raisin noir, les ingrédients du rouge à lèvres ont beaucoup évolué. C’est en 1870 que Guerlain révolutionne le marché avec le premier bâton moderne, ouvrant la voie à la démocratisation du maquillage féminin.
- Symbole de glamour et d’émancipation : Popularisé par des icônes comme Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn, le rouge à lèvres rouge devient un symbole de féminité, de séduction et de glamour hollywoodien. Gabrielle Chanel en fait un emblème d’indépendance et de modernité.
- Un reflet social et politique : Bien plus qu’un accessoire beauté, le rouge à lèvres reflète les normes et évolutions de la société. Il demeure aujourd’hui un produit de maquillage intemporel, à la fois outil de style, d’affirmation de soi et de revendication identitaire.