Beaucoup connaissent son nom, mais savez-vous vraiment qui était Robert Surcourf, malouin de naissance ? Retour sur une figure de la Marine royale, puis tricolore.
- Une alliance spatiale mondiale au chevet des océans
- L’océan, cette pépite bleue assurant la survie de nombres d’espèces au premier rang desquelles figure la nôtre
- Ce mammifère est une espèce menacée d’extinction, pourtant elle est la reine des océans : la baleine
Breton de naissance
C’est en 1773 que Robert Charles Surcouf voit le jour à Saint-Malo dans une illustre famille bourgeoise, puisque son grand-père paternel, Robert Surcouf de Maisonneuve avait assuré le commandement du navire Le comte de Toulouse, entre 1704 et 1705. Alors que la famille aspire à une vie de province confortable, et que les parents du jeune Robert imagine pour lui la prêtrise, il fugue du collège de Dinan ou le jeune garçon étudie, après avoir repoussé l’un des hommes d’église tentant de le retenir. Téméraire et déterminé, il va parcourir à pied et dans la neige, la longue distance qui le sépare de la mer. L’année de treize ans, ses parents se résignent à ce qu’il embarque sur le brick Le héron en temps que pilotin.

La mer dans le sang
Lors de cette première affectation, le jeune Surcouf est dans son élément. Le rang social de sa famille y faisant, il apprend le métier d’officier de marine, naturellement sans solde, mais n’en dîne pas moins tous les jour à la table du capitaine comme n’importe quel membre de l’état-major. A bord il, ne jouit pas de ce seul privilège puisqu’il est également dispensé des corvées incombant normalement à tous les mousses. Son patronyme lui ouvre assurément des portes demeuraient closes pour un certain nombre d’apprentis marins.
Une funeste première expédition
En 1789, il embarque sur l’Aurore, un navire de plus de 600 tonnes, placé sous le commandement de Tardivet. La mission de ce navire est bien morbide, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’un navire négrier dont la mission le conduit à Pondichéry afin d’y faire commerce d’esclaves. Il doit ainsi conduire ses hommes dans la colonie de l’Isle de France (l’actuelle Ile Maurice). Une fois cette mission accomplie, L’aurore repart en direction de la corne de l’Afrique afin d’embarquer de force des esclaves. Mais l’opération se transforme en tragédie, puisque le bateau fait naufrage et se sont 400 esclaves qui périssent noyés, enchaînés dans les cales du navire sans autre possibilité que la mort. En revanche, l’équipage est sain et sauf et Tardivet a pu quitter le navire et rejoindre la terre ferme.
Un navigateur remarquable au service d’une expédition scientifique majeure : Jules Dumont d’Urville
L’officier de Marine Surcouf
Poursuivant son chemin dans le rang de la Marine, Robert Surcouf devient officier de Marine marchande et embarque sur le Courrier d’Afrique, qui comme l’Aurore est un vaisseau faisant commerce d’esclaves. A son retour, il est promu lieutenant. Mais alors qu’il quitte la Marine marchande, il vient renforcer les rangs de la Marine royale en embarquant comme timonier à bord de la Bienvenue, une flûte de vingt canons. Il est placé sous les ordres du capitaine de vaisseau Haumont. A la faveur d’un retour en Bretagne, après toutes ces années passées sur les mers du sud, il découvre les changements politiques majeurs de l’ancien royaume de France.
Un bouleversement historique
En 1798, alors âgé d’un peu plus de vingt ans, Surcouf prend le commandement de la Clarisse, un navire de 14 canons comprenant 120 hommes. Son commandement est remarquable et il multiplie les succès dans l’Océan Indien, mais son plus beau succès sera la prise du Kent en octobre 1800, navire de 1 200 tonneaux, dans lequel s’aligne 40 canons et composé de 437 hommes d’équipage, saisi à la suite d’une rude bataille et d’un abordage remarquable. Il recevra à la suite de cet exploit, la Légion d’Honneur et sera promu capitaine de la marine de Napoléon Ier.
Une expédition française majeure empreinte de mystère dans le sillage des britanniques
Un retour aux sources
C’est en 1808 que Surcouf revient dans la ville qui l’a vu naître où il devient un armateur de corsaires et de navires de commerce, de pêche notamment à Terre Neuve. SA fortune considérable lui apporte un confort de vie particulièrement appréciable, qu’il partage avec sa femme Marie Blaize, la mère de leurs cinq enfants. Il s’éteint le 8 juillet 1827 à Saint-Servan et les hommages militaires lui sont rendus lors de ses obsèques. Il repose dans le cimetière de Rocabey.
Surcouf fut le représentant de son époque et a laissé une empreinte dans le sillage de ses bateaux. En témoigne notamment, la statue qui a été érigée à Saint-Malo en son honneur, les pièces de monnaie à son effigie ou encore la série de timbres postaux sur lesquels son portrait fut apposé dans la France des années 1950.
En résumé :
- Une figure majeure de la marine corsaire française : Robert Surcouf, né à Saint-Malo en 1773, s’est imposé comme un corsaire légendaire de la marine française. Issu d’une famille bretonne aisée, il refuse une carrière religieuse et s’oriente dès l’adolescence vers la mer. Ce choix marque le début d’un parcours exceptionnel dans l’histoire maritime de la France, où il devient l’un des corsaires les plus redoutés par les Britanniques.
- Une ascension fulgurante dans la Marine royale : Très jeune, Surcouf embarque sur plusieurs navires marchands, notamment Le Héron et L’Aurore, développant rapidement ses compétences de navigation. Malgré ses débuts controversés dans la traite négrière, il grimpe les échelons jusqu’à devenir officier de la Marine royale, puis capitaine de vaisseau. Il contribue ainsi aux succès français dans l’Océan Indien pendant les guerres napoléoniennes.
- Des exploits militaires remarquables : Son fait d’armes le plus célèbre reste la prise du Kent (1800), un imposant navire britannique de 1 200 tonneaux et 40 canons, conquis après un abordage audacieux. Cette victoire maritime lui vaut la Légion d’Honneur et une reconnaissance nationale. Ses nombreuses captures renforcent sa légende de héros naval français, tout en affaiblissant durablement le commerce britannique dans les colonies.
- Un riche armateur de retour à Saint-Malo : De retour à Saint-Malo en 1808, Surcouf devient un armateur prospère, finançant à la fois des navires de commerce, des corsaires et des campagnes de pêche à Terre-Neuve. Il investit également dans des entreprises maritimes locales, incarnant parfaitement la figure du négociant malouin du XIXᵉ siècle. Sa fortune lui assure une fin de vie confortable aux côtés de sa femme Marie Blaize et de leurs enfants.
- Une légende ancrée dans le patrimoine breton : Mort en 1827 à Saint-Servan, Robert Surcouf est aujourd’hui honoré comme un héros breton. Sa statue trône à Saint-Malo, son nom a été donné à plusieurs navires de guerre, et il figure sur des timbres français et des pièces commémoratives. Figure emblématique de la tradition corsaire, son image continue de fasciner les passionnés d’histoire navale et les amateurs de récits d’aventure.
